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Avec #metoogarçons, des hommes lèvent le voile sur des violences sexuelles qu’ils ont subies

« Quand j’avais 11 ans mon grand frère m’a demandé de lui faire une fellation » ; « J’ai été victime d’attouchements sexuels par un cousin que je voyais tous les étés » ; « Le médecin de famille me faisait des attouchements à l’âge de 16 ans » ; « De mes 9 ans à mes 15 ans, j’ai été abusé par mon beau-père » ; « J’avais à peine 18 ans, relation d’emprise et de contrôle »… C’est une nouvelle étape dans la vague #metoo : sur X ou Instagram, une autre parole se libère, celle de centaines d’hommes, qui témoignent avoir été victimes d’abus sexuels, dans leur enfance ou leur adolescence, parfois à l’âge adulte.
Le hashtag #metoogarcons a été lancé le 22 février par l’acteur Aurélien Wiik, lui-même victime d’abus de la part de son agent et de membres de son entourage de ses 11 à ses 15 ans. Le comédien s’est dit inspiré par la démarche de l’actrice Judith Godrèche – qui a relaté dans Le Monde sa relation sous emprise avec le réalisateur Benoît Jacquot, qui a débuté alors qu’elle avait 14 ans, ainsi que des abus subis de la part du cinéaste Jacques Doillon, qui les conteste.
Mais son hashtag a rapidement dépassé le monde du cinéma. « La vague #metoo de 2017 ne s’arrête pas, elle passe par secteur de vie, #metooinceste, #metoogay, le cinéma », note Lucie Wicky, doctorante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et à l’Institut national des études démographiques, seule chercheuse en sociologie à travailler sur les violences sexuelles subies par des hommes en France.
Quelques personnalités plus notoires ont également osé apporter leur propre témoignage, comme le député La France insoumise de Loire-Atlantique Andy Kerbrat, qui a raconté, samedi 24 février, avoir été abusé à l’âge de 3 ans par un « prédateur, mort depuis ». L’élu rapporte que sa mère biologique a vécu sous l’emprise d’un homme, « héroïnomane » : « Mentalement, il me torturait, physiquement, il me tapait, et sexuellement, il m’abusait. »
« Ça fait des mois que j’y pensais, confie au Monde M. Kerbrat. Voir d’autres témoignages m’a donné la force d’agir. » Lui dit avoir eu « la chance » que ses parents adoptifs l’aient « cru » et « soutenu » : « Comme beaucoup de personnes, j’ai refoulé le traumatisme. J’ai fait une lente dépression durant mon adolescence sans comprendre pourquoi. A 20 ans, tout m’est revenu en pleine figure. »
L’immense majorité des témoignages lisibles sur les réseaux sont ceux d’anonymes, des hommes de tous âges qui racontent les violences sexuelles subies alors qu’ils étaient mineurs ou jeunes majeurs par des personnes de leur entourage, plus rarement des inconnus. Si les violences sexuelles sont massivement subies par des femmes, 13 % des 87 700 victimes recensées en 2022 par les services statistiques du ministère de l’intérieur sont de genre masculin.
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